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Sport et paix, un tandem en recherche d’équilibre


posté le 27 mars 2017, par Vans

Retour sur la première « Rencontre internationale : Cultiver le sport, récolter la paix ? » à la Médiathèque de Saint-Ouen le 24 mars. Au programme, réflexions et convictions avant les flexions et extensions de la Vivicittà.

«  Il y a l’idéal, avec les valeurs de respect, de solidarité, de partage, de tolérance, mais il trébuche souvent…  » Lâchée comme cela, l’air de rien, en introduction de la première « Rencontre internationale : Cultiver le sport, récolter la paix ? » organisée par la FSGT 93, le 24 mars dernier à la Médiathèque de Saint-Ouen, la phrase aurait pu plomber le débat qui s’ouvrait. Mais, ce n’était pas l’intention de son auteur Alexander Schischlik, chef de la section de la jeunesse et des sports au sein de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture.

Bien au contraire, au cours de son exposé, il a démontré comment, depuis sa création, l’UNESCO a progressivement intégré le sport comme outil de la paix dans ses différents textes ou déclarations. Encore faut-il pouvoir les prendre au mot… « Evidemment que le sport offre un terrain de jeu commun avec des valeurs d’inclusion très fortes  », poursuit Alexander Schischlik, « mais pour le faire vivre, il faut des professeurs expérimentés qui peuvent inclure dans le jeu ceux qui se sentent rejetés. »
Bref, rien n’est gagné d’avance pour faire avancer sport et paix sur un même tandem. Même avec de la bonne volonté. « Lors d’un échange international entres jeunes français et allemands, raconte Clément Dupuis, expert des questions d’interculturalité et autre débatteur de cette rencontre internationale de Saint-Ouen, on pensait créer du lien en organisant un match de foot et puis on a finalement créé de la distance… »
Parce que les filles se sont senties exclues, parce que les garçons avaient encore en mémoire le France-Allemagne de la Coupe du Monde 1982, match truffé de rancœurs mal digérées. Trop de non-dits qui ne pouvaient pas se régler en faisant rouler un ballon. « Pour se connaître, créer du lien, il faut aller dans l’intimité, le ressenti, sortir de sa zone de confort là ou souvent même dans un voyage, une rencontre internationale, chacun reste dans un repli sur soi », appuie Clément Dupuis.
Un sentiment qu’a expérimenté a contrario Laura, sociétaire de l’Association Podistica Peralto à Gênes en Italie, invitée de la FSGT 93 pour la Vivicittà de Saint-Ouen : « Quand j’ai choisi de rejoindre cette association à Gênes, je ne connaissais personne, mais j’ai trouvé un groupe où l’amitié est une des valeurs qui peut permettre aux individus de créer la paix entre eux », témoigne-t-elle depuis la salle.

Faire un pas vers l’autre, c’est ce qu’a aussi proposé Edith Boulanger, représentante du Mouvement de la paix en invitant Clément Rémond, le co-président de la FSGT 93 et Bruno Cremonesi du SNEP-FSU, à s’exprimer dans un livre blanc pour la paix en cours de rédaction collective. « Nous attendons beaucoup des sportifs, mais aussi des éducateurs pour que le sport soit partie intégrante d’une culture de paix », espère-t-elle.

Une culture difficile à faire naître sans une vraie formation de ces éducateurs. Vu du terrain et précisément de la Courneuve, Mokrane Rahmoune, directeur des sports de la ville, en est persuadé : « Il faut des ambassadeurs sur le terrain de cette culture de la paix, de vrais messagers, mais on ne les aura que si on a les moyens de les former. C’est pour ça qu’avec mes collègues directeurs des sports des villes du 93, on porte l’idée que la candidature olympique de Paris 2024 participe à la création d’une structure de formation des animateurs et des éducateurs sportifs du département. »

L’idée était lancée, elle allait être reprise plus tard dans la journée lorsque le colloque s’est poursuivi au travers de groupes de réflexion. En filigrane, des expériences sportives des différents intervenants, pointait l’idée que mettre sport et paix sur un même tandem ne suffit pas, s’il n’y a, là encore, personne pour le faire avancer dans le bon sens qu’on soit à Paris, Ramallah, Dublin, Gênes… « Chez nous en Palestine, développe Suhier Gasem membre de la délégation palestinienne autre invitée de la FSGT 93 pour la Vivicittà, le problème est d’intéresser davantage les professeurs à l’éducation physique, parce qu’il faut que les profs soient convaincus de ce qu’ils proposent pour convaincre les élèves à leur tour. »
Car, s’attacher à fonder un service public du sport, c’est un peu flexion, extension, mais surtout conviction…

#FSGT93






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